Pour de bons motifs

Cette nuit insomnie. Et donc lecture. Et donc découverte de l’Intranquille de Gérard Garouste et Judith Perrignon édité aux éditions L’iconoclaste. Ce livre est magnifique et je vous le recommande. On y découvre le récit d’une vie d’homme moderne. Une vie d’artiste de renommé internationale mais aussi une vie simple d’un type soutenu par sa famille. Une vie difficile sur un plan psychologique, réussie sur un plan artistique et financier. Une vie qui touche comme si c’était la nôtre.

J’ai noté cette citation : « Il y a deux sortes d’individus dans la vie, les Classiques et les Indiens. Le Classique est un homme pétri par la norme, il n’inventera jamais rien, ne fera qu’obéir et suivre le mouvement en rêvant d’ascension sociale. C’est mon père. L’Indien est un intuitif, un insoumis, un créatif. C’est Casso le bonheur loin des apparences. Mais l’extrême Indien court vers la folie. Je le sais pour avoir croisé quelques Apaches dans les hôpitaux psychiatriques. Ma voie était quelque part entre ces deux hommes, ces pôles contraires de mon enfance. Vaste espace où j’avançais, égaré. »

C’est de cette citation que j’ai envie de partir pour vous raconter une expérience personnelle. Celle merveilleuse que nous venons de vivre, Laurent et moi, avec Philippe Baudelocque, artiste français exposé dans notre galerie.

Philippe Baudelocque je ne lui ai pas posé la question de savoir si c’était un Indien. Mais il n’y a qu’à voir son travail pour comprendre que ce n’est pas un Classique. Philippe travaille depuis longtemps maintenant sur les motifs. Et il donne à ses motifs des formes d’animaux. Des animaux que vous pouvez croiser parfois dans la ville. Comme ce renard qui bondit sur le mur noir en face de chez nous.
Un renard, c’est un animal de l’imaginaire français. C’est un animal rusé mais aussi facilement apeuré. Un peu comme nous, lorsque parfois, nous sommes éblouis par les feux de la ville. Des lumières aveuglantes qui peuvent vous figer un instant dans une crainte éphémère mais bien réelle.

Et c’est notamment pour ça que je l’aime ce renard. Il est sauvage et beau à la fois, il est fort et tellement fragile aussi. Et puis un renard dans la ville ça se peut ? Ça se peut pas ? A vous de choisir mais pour moi c’est non. Pas celui-ci. Et pourtant quand je le regarde chaque matin je me dis que si, il est là. Il raconte la nature qui a disparu dans notre ville et il exprime avec force ce manque. Où est passée la fragilité ? Ou sont cachés aujourd’hui ces instants de grâce de la nature qui émerveille les yeux des gosses ? Où peut t-on dans Paris trouver ce regard d’homme émerveillé à animal apeuré ? Dans la peinture de Philippe.

Le renard sur le mur de l'école élémentaire Saint-Maur

Le renard sur le mur de l'école élémentaire Saint-Maur

D’ailleurs les gosses. On en a vu passer un paquet depuis qu’on l’a fait vivre ce renard. Le mur appartient à une école, l’école élémentaire Saint-Maur. Alors forcément les enfants ils l’ont vu naitre l’animal. Et le soir en rentrant chez eux, ils ont parlé à leurs parents de Philippe Baudelocque (oui il y tiennent les enfants au nom de famille). Et petit à petit les enfants sont venus à la sortie de l’école dans la galerie. En petit groupe. Et puis aussi le samedi avec leurs parents. Plus ou moins enthousiastes les parents d’ailleurs. Certains enchantés, d’autres plus suiveurs mais qu’importe. Ces enfants ont tous aimé apporter un nom d’artiste dans leurs conversations familiales.

Et puis un matin, un vendredi, il faisait étonnant beau ce jour là, j’ai trouvé les enfants d’une autre école (l’école Tanger de Stalingrad) et le professeur d’art plastique (Sylvain) avec des planches à dessin devant le mur. Ils bossaient sur les motifs. Alors surprise : j’ai ouvert la galerie et improvisé une visite, en expliquant les enjeux du métier de galeriste (à ma sauce hein) et en leur faisant deviner les animaux, repérer les motifs, jouer avec la chouette qui s’éteint le jour, s’allume la nuit.

Et puis il y a eu le Tigre. Le voici en photo. Rien que pour les élèves de l’école élémentaire St-Maur (toujours avec Sylvain qui officie dans plusieurs écoles). Un tigre on peut pas le laisser sortir comme ça dans la rue. Celui-ci seul les enfants peuvent le dompter. D’ailleurs, pas la peine d’essayer d’aller le voir, vous êtes trop vieux. Il est bien traité à l’intérieur de la cour de récré. Il est heureux avec eux, et eux avec lui.

Le tigre dans la cour de l'école

Alors pourquoi je vous raconte tout ça. Parce qu’à la lecture du bouquin j’ai eu envie moi aussi de raconter l’art à notre manière. Un art dans la rue, un art dans une galerie aussi, les 2. Une galerie qui petit à petit s’installe dans le quartier. Un art que l’on défend avec enthousiasme et passion et qu’on espère continuer à partager avec vous encore un bout de temps.

Et maintenant des images !

Un film, mis en musique, récit de la création du Renard


Philippe Baudelocque chez Since.Upian
envoyé par Upian. – Futurs lauréats du Sundance.

Des photos du tigre dans l’école et des enfants dans la galerie

Vous avez pu croiser la girafe et le bison lors du OFF FIAC, les Nuits du Marais.

Vous pourrez aussi voir deux nouveaux murs peint par Philippe Baudelocque dans le nouvel espace cuisine de Cyril Lignac dans le 3eme.

Mais surtout, vous avez encore jusqu’à samedi 13 novembre pour voir l’expo Pour de bons motifs / Règne Animal à la galerie Since.Upian

Alexandre Brachet – Galerie Since.Upian

La galerie Since.Upian remercie chaleureusement :

La Mairie du Xeme: Monsieur le maire Rémi Feraud, Alexandra Corbard, Eric Radix et Noë Distel.

L’école élémentaire Saint-Maur – Paris 75010
et tout particulièrement le directeur Frédéric GAUBERT et le professeur d’art plastique Sylvain.

L’école élémentaire Tanger – Paris 75019

L’école élémentaire de Belleville – Paris 75010
Isabelle Sole et Christine Dechamps

Greg Corsaro pour le film

Amélie Roux pour http://www.citazine.fr/

Les voisins, les parents, les enfants

et Philippe Baudelocque.