L’incident c’est le risque devenu réalité, le péril qui surgit. Pour Nicolas d’Olce, c’est un choix, une source d’inspiration, une manière d’interpréter le monde.

Le monde. D’abord une surface lisse, vierge de toute intervention, à l’image du matériau de prédilection de l’artiste, le plexiglas. Le paysage imaginaire se dévoile dans la profondeur des couleurs, les contrastes ou le vide d’un noir vertigineux. L’espace d’expérimentation est alors prêt pour l’incident, le choc de la machine, guidée par la main de l’homme qui opte pour la perte de contrôle. L’oscillation rompt la glace, elle est violente comme une blessure destinée à devenir cicatrice indélébile. La plaie accapare le paysage et puisqu’elle en devient partie intégrante, elle trouve son écho dans un nouveau contraste.

C’est dans le plaisir de l’incertitude que Nicolas d’Olce travaille. Il provoque ses acquis pour trouver autre chose de lui-même et traduire sa représentation de l’humanité. L’artiste met ainsi en perspective le rapport de l’homme à l’incident, à la conscience du risque. Réseaux de lignes droites ou contrariées, comme des rencontres impossibles ou imprévues, elles semblent en suspend lorsqu’elles sont constituées de points. Elles rappellent parfois le tracé d’un électrocardiogramme qui prendrait le pouls du monde ou un enchevêtrement urbain, une captation des lumières d’une ville vue du ciel, dans l’obscurité.

Avec Incidents, Nicolas d’Olce invite à une réflexion dans une vibration fugasse à l’image d’un monde ivre de lui-même.

(Camille Berthelot – Du Plessix)

Matt W. Moore — Gravity

Matt W. Moore, 32 ans, vit à Portland (Maine, USA). Il a fondé et anime toujours MWM Graphics. Matt pratique plusieurs disciplines : l’illustration digitale colorée – c’est un pilier du Vectorfunk, la peinture, l’aquarelle et bien entendu l’aérosol qui reste sa technique de prédilection, surtout pour les grandes surfaces murales.

Son oeuvre est reconnue internationalement, son travail a influencé de nombreux artistes et c’est, ne boudons pas notre plaisir, une immense joie de l’accueillir à nouveau.

Il y a deux ans Matt était arrivé à Paris les mains dans les poches. Rien d’autres qu’une valise et une folle envie de produire. Sur place, dans la galerie, pendant un mois. Alors oui ça s’était fait comme ça : d’abord les courses et les fournitures, puis du travail, beaucoup de travail. Énormément même. A la fin, une exposition qui fera date et un mur de 8m par 6m qui reste un repère dans l’histoire de notre galerie.

Aujourd’hui presque 24 mois jour pour jour, il est de retour à Paris. Dans les mêmes conditions, ou presque. Sauf que : si Crystals & Lasers (son exposition précédente chez Since.Upian) puisait son inspiration dans la géometrie particulière des facettes et des arrêtes cristallines, Matt explore aujourd’hui un nouvel espace.

En effet, Gravity, – tout en s’appuyant toujours sur la même technique de peintures aérosols totalement analogique – est une évolution, un travail plus organique. Qui met en scène des vecteurs déformés, happés par des courbes.
Une géométrie de l’interaction. Comme par Gravité.

Le vernissage de l’exposition Gravity de Matt W. Moore est vendredi 27 avril.

A partir de 18h30. RSVP.

27.04 – 16.06.2012

Pour plus d’infos since@upian.com – 01 53 19 70 03

Pierre Roy-Camille — Earth, Wind & Fire

Cette série de dessins de  Pierre Roy-camille est réalisée systématiquement sur des feuilles de papier photo brillant, format A3, à l’aide de feutres à l’huile. Ces feuilles sont ensuite assemblées et constituent de grands formats.

Il s’agit d’une forêt rocailleuse, de buissons ardents, de vagues, d’un coucher de soleil, ou encore d’explosions, de nuées. C’est une rigoureuse succession de lignes noires, plus ou moins épaisses, qui font apparaître l’image. Ces trames de lignes et de points nous font penser à une technique d’impression ; sérigraphie, gravure ou imprimante jet d’encre. En empruntant à ce vocabulaire formel de la reproduction, Pierre Roy-Camille modifie et joue habilement avec l’échelle de ces lignes. L’usage de feutres aux pointes adroitement taillées dont l’encre à la surface noire et brillante produit des traces, nous indiquent sans ambigüité le ‘fait main’.

La rigueur obsessionnelle déployée à l’élaboration de ces images fait rapidement songer au temps passé à les réaliser, à la concentration nécessaire, aussi probablement à l’ingratitude du labeur. Les dessins construits en polyptiques n’apparaissent comme un ensemble qu’une fois tous les éléments associés, ces feuilles n’étant jusque la qu’une succession de signes ne produisant rien de véritablement identifiable.

Ces compositions, comme la nature, se dessinent elles même. C’est à dire progressivement et par l’association minutieuse de choses très simples ; l’artiste utilise les  lignes, comme la nature les atomes, il combine, articule, compose. Si chaque ligne comme chaque atome peut avoir une existence propre ; orchestrées dans un ensemble, elles permettent l’apparition de l’image, comme l’atome de la matière.
Ce processus évoque le cheminement du chercheur naturaliste qui, après avoir observé tel ou tel phénomène tente de le reproduire. Il engendre symboliquement par un dessin patient la croissance de toutes choses, donnant progressivement vie à un univers propre, lignes après lignes et feuilles après feuilles. Le temps de cette élaboration s’oppose au temps des images représentées : explosions, fumées, courants incarnent autant de moments furtifs qui appartiennent à notre mémoire collective. C’est de leur création que l’on nous parle ici, et c’est leur finalité qui nous est présenté. Cette finalité est ici pour le regardeur le point de départ permettant de déconstruire cette image et d’en déchiffrer tous les outils de représentation.

Pierre Roy-Camille est de ceux qui exaltent une posture contemplative, mimant ce qu’il perçoit de la nature. L’œuvre présentée établit un jeu subtil entre le temps du « faire » par la main, puis du « défaire » par l’œil. Cette balance produit un mouvement proche de la respiration ou du souffle qui invite à une approche tant instinctive qu’érudite de ce travail. (C. Tricaud)

Vernissage le 16 Mars à partir de 19H00

16.03.2012 – 21.04.2012